• NB : S'agissant d'une dissertation d'un étudiant (et non pas d'un philosophe ou professeur de philosophie), je vous conseille de prendre du recul vis-à-vis de ma "production". Si le coeur vous en dit, vous pouvez réagir et faire votre propre réflexion, je me ferai un plaisir de la publier.



    « La vie est un songe un peu moins inconstant » <o:p></o:p>

    (B. Pascal –  Pensées)

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    Cette phrase que l’on doit à Pascal vient conclure une réflexion de l’auteur sur les rapports existant entre le monde du rêve et celui de l’éveil. Un artisan qui rêverait chaque nuit qu’il est roi ne serait-il pas aussi heureux qu’un roi qui chaque nuit rêverait qu’il est artisan ? En effet, la frontière entre l’éveil et le songe semble difficile à déterminer, et ce d’autant plus que nous sommes rarement capables de savoir que nous rêvons en plein songe. De plus, lorsque nous sommes éveillés, il nous arrive de dire spontanément « Je crois rêver », comme pour souligner que ce que nous percevons comme étant la réalité nous trompe au point que l'on peut s'interroger si la vie réelle n’est pas moins inconstante que le rêve. Ainsi il convient de se demander de quelle manière pouvons-nous savoir que nous ne rêvons pas ? Qu’est-ce qui permet de s’assurer que nous soyons éveillés, qu’il existe une réalité ?

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    Ce qui nous apparaît en rêve n’est jamais totalement faux. Ce dont nous rêvons est le miroir de ce que nous considérons comme réel. Si je peux rêver de quelque chose, c’est que j’ai conscience de l’existence de cette chose. Ainsi comme le dit Descartes dans ses Méditations Métaphysiques, le rêve est comme l’oeuvre d’un peintre : s’il peint des sirènes où d’autres créatures chimériques, c’est qu’elles ressemblent à des choses existant dans la nature (les sirènes sont ainsi faites avec des yeux, une tête, des bras, une queue de poisson, … autant de choses qui sont issues de la nature). Il en va de même pour les rêves qui présentent des éléments que nous tirons de la période de veille, car sinon nous ne pourrions en avoir conscience. Ce que nous rêvons n’est donc pas une pure fiction (au sens où parmi ce qui nous apparaîtrait à l’esprit, il y aurait des éléments qui ne correspondrait à rien d'équivalent durant l'éveil).

    Putnam prolonge cette hypothèse en imaginant l’expérience du cerveau dans une cuve. Elle s’apparente à une version modernisée du malin génie de Descartes. Putnam imagine ainsi un savant fou qui kidnappe des personnes endormies afin de leur retirer le cerveau. Celui-ci est alors mis dans une cuve où il reçoit par l’intermédiaire d’électrodes, des stimuli qui suscitent chez les cobayes toutes sortes d’états mentaux, recréant ainsi pour chacun une véritable réalité virtuelle. Les patients ont ainsi la sensation de vivre la réalité, alors qu’ils ne se doutent pas que leur cerveau se trouve dans une cuve. Ainsi, les individus victimes du savant ont la conviction de vivre dans le réel, alors qu’ils ne connaissent qu’un songe artificiel, et rien ne leur permet de savoir la réalité.<o:p></o:p>

                Aussi, il est tentant de réfuter qu’un rêve se distingue de la réalité par son caractère beaucoup plus inconstant. Nous faisons souvent l’expérience de rêve sans aucune logique ou cohérence, de telle sorte qu’au réveil, nous nous rendons compte de l’absurdité de notre songe. Pourtant, nous faisons également l’expérience du caractère incohérent, illogique du monde qui nous entoure et que nous considérons comme la veille. Aussi, cette inconstance est repérable dans la façon dont nous apparaissent les choses. Lorsque j’observe une table, sa couleur varie selon les endroits (notamment sous l’effet de la lumière) ; en l’absence de lumière, la couleur de la table disparaît. L’argument de la constance ne permet donc pas objectivement de différencier la « vie » du « songe ». Aussi, dans la pièce La vie est un songe de Calderon,  Sigismond ne peut faire le partage entre le rêve et la réalité : ce qu’il voit n’a plus de consistance puisqu’il passe de la servitude et de la misère à la royauté et la puissance. Mais seulement cette apparence est entretenue : elle n’est ni spontanée, ni naturelle. Des serviteurs entretiennent les apparences dont est victime Sigismond. En tuant un homme, Sigismond ne peut éviter les représailles ; s’il rêvait réellement il aurait pu tuer en toute impunité. La réalité semble donc toujours là, même cachée derrière les apparences.

                Le rêve n’est pas une pure fiction, il tire ses images de la nature. Il est donc légitime de se demander si la veille n’est pas autant un rêve que le songe, et que tout n’est qu’apparences. Seulement, n’existe-t-il pas une réalité cachée derrière ces apparences ?<o:p></o:p>

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    L’état de veille semble se différencier de l’état de rêve par une différence de vivacité des impressions sensibles : quand je suis éveillé, j’ai l’impression de ressentir davantage que dans un songe. Pourtant celles-ci ne sont pas nulles dans un rêve, ce qui semble expliquer le fait que le songe soit pris pour une expérience véritable pendant le sommeil. Descartes fait ainsi la même remarque : « Combien de fois m'est-il arrivé de songer la nuit que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dedans mon lit? ». Or, comme l’affirme Kant dans Essai sur les maladies de la tête, les impressions des sens, parce qu’elles existent, rendent plus pour véritable le rêve qu’un raisonnement rationnel. Quand nous rêvons, nous avons la sensation d’être dans le réel, autrement dit, ce n’est que par l’action de nos sens que nous pensons vivre des événements réels. Au contraire, même si dans le réel nous vivons des expériences sensorielles, nous faisons également appel à notre raison : face à une situation que nous ne comprenons pas, nous nous efforçons de trouver une raison logique à cet évènement, chose qui ne semble pas être possible durant le sommeil. Ainsi, lors du sommeil nous faisons plus preuve de passivité que lors de l’éveil où nous pouvons faire un effort de réflexion supérieur.

    Pourtant il nous arrive de rêver et de prendre conscience de notre état endormi. C’est ce que l’écrivain sinologue Léon d'Hervey de Saint-Denys appelle « le rêve lucide ». Descartes en fait l’expérience dans un des rêves qu’il fit la nuit du 10 au 11 octobre 1619. C’est par Adrien Baillet que nous avons une trace de cette expérience : « Ce qu’il y a de singulier à remarquer, c’est que doutant si ce qu’il venait de voir était songe ou vision, non seulement il décida en dormant que c’était un songe, mais il en fit encore l’interprétation avant que le sommeil le quittât ». Or dans cet état nous pouvons douter de tout ce qui parvient à nos sens, nous sommes dans un état de scepticisme absolu. Ainsi, en reprenant le cheminement du cogito, la seule chose dont nous sommes certains c’est que nous sommes en train de rêver (puisque tout le reste ne semble être que l’illusion du rêve). Je pense que je rêve, donc je pense, donc je suis (pensant que je rêve). Le cogito ne nous permet donc pas à ce moment de savoir autre chose que notre essence comme personne qui pense qu’il rêve et non pas comme être vivant dans une réalité. La seule chose que je sais c’est que je suis « une chose qui pense ». Lors de l’éveil je ne suis pas plus sur de la réalité du monde qui m’entoure. La seule chose dont je ne peux toujours pas douter c’est que je pense. Or si j’ai cette idée comme indubitable, c’est qu’un Dieu parfait garantit cette réalité objective. Nous avons donc ici la connaissance et la certitude d’un réel objectif, mais nous ne pouvons toujours pas conclure que la réalité soit aussi réelle que nous pousse à croire la certitude spontanée d’appartenir à une nature réelle.

    Il semblerait ainsi qu’il existe une réalité et que cette réalité est l’existence de la personne qui rêve. Cependant rien ne nous permet d’affirmer que l’éveil n’est pas un rêve et que le songe est un rêve dans un rêve.

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    Pour Sartre dans L’imaginaire, l’homme ne peut être véritablement conscient qu’à partir du moment où il est éveillé. Il s’oppose au « rêve lucide » considérant que toutes les fois où le dormeur se dit « je rêve », il connaît un réveil momentané, c’est ce qu’il nomme la conscience réflexive. Seulement cette conscience réflexive disparaît aussitôt, si bien que le dormeur ne se réveille jamais totalement. En effet, la période du sommeil où nous rêvons, le sommeil paradoxal, se caractérise par une activité électrique similaire à l'éveil. Ainsi il n’est pas étonnant que le dormeur se trouve très brièvement en situation de veille. La brièveté de cet éveil est confirmée par l’absence de raisonnement qui suit le jugement du dormeur quand il se dit « je rêve » : si nous pouvions avoir effectivement conscience de notre état lorsque nous sommes sous l’emprise des songes, nous chercherions dans notre sommeil des arguments, des preuves de notre état. Ce que, dans un état de veille, nous nommions précédemment comme un effort de réflexion supérieur à celui que nous pouvons faire pendant le rêve est donc en réalité la conscience réfléchie : lorsque nous rêvons nous sommes conscients (dans le sens où nous éprouvons des sentiments ou des sensations), mais nous ne pouvons prendre conscience de notre conscience que lorsque nous sommes éveillés.

    Il s’ensuit une impossibilité d’énoncer le cogito en plein rêve. Nous ne pouvons le faire en réalité que dans un état d’éveil. Quand je me rends compte que je rêve, je ne suis pas réellement en train de rêver. Il est donc aussi impossible d’énoncer au présent de l’indicatif  « je rêve » que de dire « je suis mort ». Il serait plus pertinent de dire « j’ai rêvé » plutôt que je rêve. Supposer que l’on puisse faire la réflexion du cogito en plein rêve est donc une erreur. Cependant il nous permet de dire que je ne peux être certain que d’une chose, c’est de ma réalité dans le monde où je suis éveillé. Ici aussi donc nous pouvons  distinguer le rêve de la vie, car je ne vis (autrement dit je suis et j’existe) uniquement dans un état de veille (ou du moins, rien ne me permet de prouver ma réalité dans le rêve).

    Mais, nous ne pouvons toujours pas savoir si le monde réel est tel que nous nous le représentons. Néanmoins, Wittgenstein dans De la certitude, distingue ce que nous savons de la vie supposée réelle et ce dont nous sommes certains. Face à ma main, je ne puis savoir si ce que j’observe est ma main, mais j’en suis certain. Pourrais-je vivre en doutant continuellement de la réalité du monde tel que je le perçois ? Pouvons-nous douter que ce que j’ai là est ma main ? Nous ne le pouvons pas réellement sinon nous ne nous en servirions pas. Je ne sais pas si c’est une main (rien ne vient prouver que c’en est une indiscutablement), j’ai néanmoins la certitude spontanée qu’elle existe. Nous ne pouvons vraiment douter de ce que l’on veut douter. Dans ma vie de tous les jours je ne doute pas que j’ai une main ; en voulant douter de son existence, je ne la supprime pas car j’ai la certitude qu’elle existe. Je suis certain qu’il s’agit là de ma main, le savoir ne me préoccupe pas.

    Nous ne pouvons ainsi avoir de conscience réfléchie qu’en dehors du rêve. Nous ne pouvons être assurés de notre existence que dans un état de veille, car seul à ce moment là nous sommes pleinement conscients. Et ce que notre conscience réfléchie nous dicte nous donne la certitude du réel, sans en avoir la connaissance parfaite.

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    La vie est repérable par son inconstance, comme le suggère Pascal en disant « La vie est un songe un peu moins inconstant ». Mais, par bien des aspects, nous ne pouvons affirmer que le songe est un rêve dans un rêve, et que nous soyons des cerveaux dans une cuve. En effet, nous ne pouvons avoir pleinement conscience qu’en étant éveillés. Nous ne pouvons pas savoir si tout ce que la vie nous offre à voir est fidèle à la réalité, mais nous avons la certitude d’exister dans la vie et d’en saisir la réalité. Même si nos sens nous trompent, quand nous sommes éveillés, nous ne rêvons pas.<o:p></o:p>


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    <o:p>NB : le descriptif sous forme de catalogue est disponible en fin de page.
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    Descriptions des lieux clefs de l’ASSOMMOIR d’Emile ZOLA.<o:p></o:p>

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                Le roman naturaliste zolien répond à trois théories scientifiques : la loi de l’hérédité, des tempéraments et du milieu. Dans le roman l’Assommoir, une description précise des lieux clefs de la vie de Gervaise Macquart permettra de prouver l’importance de cette troisième loi dans la décadence du personnage principal.<o:p></o:p>

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    Nous voici dans un quartier de Paris du milieu du XIXème siècle. Dans l’incipit de l’Assommoir, Gervaise vit à l’Hôtel Boncœur, rue de la Chapelle. Il s’agit d’une bâtisse de deux étages, couleur rouge lie-de-vin. Les lettres du nom « Hôtel Boncœur » sur la façade sont détériorées par la moisissure envahissante du plâtre et la plupart des persiennes sont pourries par la pluie. L’hôtel possède une petite allée étroite où de l’eau sale coule près du mur. Cette eau est la principale cause d’une odeur infecte. L’appartement de Gervaise et de Lantier est composé d’une chambre meublée d’un pot à eau ébréché, posé sur une table graisseuse, de trois chaises de paille et d’un lit de zinc. L’humidité est partout et des vêtements sales jonchent le sol. Dehors, la circulation de véhicules et de piétons est généralement dense et la proximité d’abattoirs n’arrange en rien l’attrait du quartier. <o:p></o:p>

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    Non loin de là se trouve la Barrière Poissonnière qui n’est autre que le carrefour des rues de la Chapelle et des Poissonniers et du boulevard Rochechouart. C’est ici qu’est installé l’Assommoir du père Colombe et que se construit un hôpital. La plupart des commerçants de ce carrefour sont des marchands de vin. L’odeur due aux abattoirs est particulièrement nauséabonde.<o:p></o:p>

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    Venons au cabaret du père Colombe : l’Assommoir. Devant le bâtiment se trouve des lauriers poussiéreux. Sur la façade apparaît le mot « distillation » écrit en lettres bleues. L’intérieur semble plus riche, la prospérité du lieu est manifeste. Le comptoir est d’une taille imposante. Des tonneaux jaune clair encadrent la salle. Ceux-ci, sont surmontés d’étagères soutenant des  bouteilles de liqueurs, des bocaux de fruits et d’autres fioles colorées qui se reflètent dans des glaces. Au font, derrière une barrière en chaîne, à l’intérieur d’une cour vitrée, se trouve un alambic que les fidèles du cabaret viennent contempler régulièrement.<o:p></o:p>

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    Après avoir longé la rue des Poissonniers, une nouvelle rue nous apparaît : la rue Neuve de la Goutte d’Or. Il s’agit d’une rue en pente sur la moitié de sa longueur. Au milieu se trouve à l’intérieur d’un hangar, un lavoir (« à l’endroit où le pavé commençait à monter. » ch1). C’est également ici qu’est installée la blanchisserie de Mme Fauconnier, qui a été par deux fois la patronne de Gervaise. Le lavoir est surmonté de réservoirs d’eau gris. L’humidité y est lourde et une forte odeur d’eau de Javel s’en échappe. <o:p></o:p>

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    Gervaise a vécu quelques temps dans un appartement de la rue Neuve de la Goutte d’Or. Il s’agit d’une maison à un étage. Il est composé d’une grande chambre, d’un cabinet et d’une cuisine et est placé presque en face de la boutique de Mme Fauconnier. Gervaise semble y vivre tranquillement et s’y plaire, pourtant Coupeau se plaint durant sa convalescence d’une forte odeur d’eau de Javel. <o:p></o:p>

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    Tout près de la rue Neuve de la Goutte d’Or, se trouve la rue de la Goutte d’Or. Elle aussi est reliée à la rue des Poissonniers. Elle est bordée par les boutiques d’un épicier, d’une lingère, d’un bonnetier, d’une tripière, d’un charbonnier, d’un marchand de parapluie et d’un mercier. Un bâtiment se distingue par sa taille colossale : un immeuble de six étages de forme carrée. Chaque étage comporte quinze fenêtres, brisées pour la plupart ce qui donne un effet de ruine. Le rez-de-chaussée est occupé par quatre boutiques : celles du charbonnier, du mercier, de la marchande de parapluies et une « vaste salle de gargote graisseuse ». Leurs vitrines sont noires de poussières et presque opaques. Les murs non crépis et couleur boue semblent pourrir et s’émietter sous l’effet de la pluie. Dans la cour intérieure de l’immeuble les façades grises sont comparables à une « muraille grise mangée d’une lèpre jaune rayée de bavures » dues à l’écoulement des toits. Les vitres aux étages sont vertes et du linge sèche sur des cordes tendues. Aucune décoration n’embellit les murs. Le rez-de-chaussée est percé de quatre entrées numérotées des quatre premières lettres de l’alphabet, qui mènent à un escalier en fer avec des rampes boueuses. La cour est teintée d’une eau colorée et des copeaux de bois et des escarbilles de charbon recouvrent le sol. Des poules picorent le sol à la recherche de graines. Les pavés défoncés laissent apparaître de l’herbe. Seules quelques fleurs, oiseaux et plans de haricots d’Espagne installés aux fenêtres donne quelque peu de gaîté à cet horrible ensemble. A l’intérieur, les murs sont décrépis, les couloirs sombres, les serrures noircies par la crasse des mains, et à cela s’ajoute un vacarme incessant et d’horribles odeurs de cuisines mêlées à celles de plombs rouillés.<o:p></o:p>

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    C’est pourtant dans ce bâtiment que Gervaise rêve de s’installer et finit par habiter. La boutique du mercier finit par être mis en location et Gervaise s’y installe pour devenir patronne de sa propre blanchisserie. Elle est composée d’une boutique, d’un débarras qui servira de chambre pour Lantier, et d’un cabinet faisant office de chambre pour Nana et Maman Coupeau. Les meubles et le plafond sont noirs. Il y règne une humidité et une luminosité dignes de celles d’une cave. Les murs sont « crevé avec des lambeaux de papier jaune » et un terrible vacarme en sort toute la journée. Gervaise aménage par la suite sa boutique d’une belle manière. La façade est repeinte en bleu et on installe à l’intérieur un nouveau papier peint. Mais la décadence de Gervaise s’accompagne d’une décadence de la boutique. Gervaise ne sachant plus où mettre le linge sale de ses client, celui-ci finit par tout envahir une forte mauvaise odeur s’en échappe. A cette odeur s’ajoute celle d’amidon maigre, de moisi et de cuisine. La table est désormais grasse et tâchée de café, de vin et emplâtrée de confiture. La vitrine est recouverte d’excrément de chevaux et le papier peint se décolle avec l’humidité.<o:p></o:p>

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    Gervaise finit par quitter la boutique pour vivre dans un appartement du même immeuble. C’est au sixième étage au fond d’un corridor que va séjourner Gervaise et Coupeau durant de tristes jours. L’appartement est extrêmement étroit et n’est composé que d’une chambre et d’un cabinet. Un lit, une table, quatre chaises et une commode suffisent à meubler la totalité du logement. D’ailleurs, la commode bouche la moitié de la fenêtre dont un battant est de toute façon condamné. Il y règne une abominable odeur de plombs rongés de rouille.<o:p></o:p>

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    Ainsi, après l’étude des lieux clefs de l’Assommoir, nous pouvons remarquer que tous sont sujets à la crasse, à l’humidité et à la moisissure qui en résulte, et que l’attrait environnant est toujours extrêmement médiocre. L’ensemble de ces lieux est effectivement pourri.




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    Hotel Boncoeur : <o:p></o:p>

    @Commode noyer avec un tiroir manquant.<o:p></o:p>

    @3 chaises pailles<o:p></o:p>

    @table graisseuse avec pot à eau ébréché<o:p></o:p>

    @Vêtements sales jonchés sur le sol<o:p></o:p>

    @lit de zinc<o:p></o:p>

    @humidité envahissante<o:p></o:p>

    @masure à 2 étages rouge lie-de-vin <o:p></o:p>

    @persiennes pourries par la pluie<o:p></o:p>

    @moisissure du plâtre<o:p></o:p>

    @rue de la Chapelle<o:p></o:p>

    @proche de la barrière poissonnière<o:p></o:p>

    @allée noire et étroite<o:p></o:p>

    @eau sale coulant près du mur<o:p></o:p>

    @forte mauvaise odeur<o:p></o:p>

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    Barrière Poissonnière :<o:p></o:p>

    @proximité d’abattoirs (puanteur et cris de bêtes massacrées)<o:p></o:p>

    @proximité d’un hôpital en construction<o:p></o:p>

    @circulation massive de piétons, de bêtes et de charrette<o:p></o:p>

    @couleurs dominantes : gris sale, bleu délavé<o:p></o:p>

    @Marchands de vin <o:p></o:p>

    @Restaurant Veau à deux têtes<o:p></o:p>

    @L’assommoir<o:p></o:p>

    @Carrefour entre rue de la Chapelle, rue des Poissonniers et Bd de Rochechouard.<o:p></o:p>

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    Rue Neuve de la Goutte d’Or :<o:p></o:p>

             @Boutique de Mme Fauconnier<o:p></o:p>

             @lavoir au milieu de la rue (« à l’endroit où le pavé commençait à monté » ch.I) <o:p></o:p>

             @Réservoirs d’eau  gris au dessus du lavoir du lavoir<o:p></o:p>

             @odeur d’eau de Javel<o:p></o:p>

    @humidité lourde<o:p></o:p>

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    Rue de la Goutte d’Or :<o:p></o:p>

             @reliée à la rue des Poissonniers<o:p></o:p>

             @vacarme de voiture venant de la rue des Poissonniers<o:p></o:p>

             @épicerie<o:p></o:p>

             @lingerie<o:p></o:p>

             @bonneterie<o:p></o:p>

             @tripière<o:p></o:p>

             @Charbonnier<o:p></o:p>

             @marchands de parapluies<o:p></o:p>

             @mercier<o:p></o:p>

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    L’ASSOMMOIR du père Colombe :<o:p></o:p>

             @entre rue des Poissonniers et Bd Rochechouart<o:p></o:p>

             @Distillation en lettres bleues<o:p></o:p>

             @lauriers roses poussiéreux à l’entrée<o:p></o:p>

    @comptoir énorme<o:p></o:p>

    @tonneaux jaune clair autour de la salle<o:p></o:p>

    @étagères avec bouteilles de liqueurs, bocaux de fruits et autres fioles en bon ordre<o:p></o:p>

    @derrière une barrière en chêne, dans une cour vitrée : un alambic<o:p></o:p>

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    Immeuble rue de la Goutte d’Or :<o:p></o:p>

             @Cinq étages<o:p></o:p>

    @bâtiment colossal, carrée (« pareille à un bloc de mortier gâché grossièrement » ch.II)<o:p></o:p>

    @15 fenêtres, cassées pour la plupart à chaque étage<o:p></o:p>

    @effet de ruine<o:p></o:p>

    @Rez-de-chaussée : 4 boutiques<o:p></o:p>

    -- vaste salle de gargote graisseuse<o:p></o:p>

    --charbonnier<o:p></o:p>

    --mercier<o:p></o:p>

    --marchande de parapluies<o:p></o:p>

             @construite entre deux petites maisons<o:p></o:p>

             @semble pourrir et s’émietter sous la pluie <o:p></o:p>

             @mur non crépis, couleur de boue<o:p></o:p>

             @dans la cour, muraille grise mangée d’une lèpre jaune rayé de bavures par l’écoulement des toits<o:p></o:p>

             @pas de décoration<o:p></o:p>

             @vitres verte aux étages, vitrage noir de poussière au rez-de-chaussée <o:p></o:p>

             @linge séchant sur des cordes tendues, linge comparable à des loques<o:p></o:p>

             @4 escaliers en fer avec rampes boueuses numérotés A-B-C-D<o:p></o:p>

             @cour teinté d’eau colorée, copeaux de bois, escarbilles de charbon<o:p></o:p>

             @présence d’herbe entre pavés disjoints<o:p></o:p>

             @poules picorant dans la cour<o:p></o:p>

             @quelques fleurs, oiseaux<o:p></o:p>

             @haricots d’Espagne dans une fenêtre (encoignure de gauche)<o:p></o:p>

             @intérieur, vacarme odeurs (cuisine ), serrures noircies par la crasse des mains<o:p></o:p>

             @murs décrépis<o:p></o:p>

             @corridors sombres<o:p></o:p>

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    Appartement rue Neuve de la Goutte d’Or :<o:p></o:p>

             @grande chambre<o:p></o:p>

             @cabinet<o:p></o:p>

             @cuisine<o:p></o:p>

             @en face de la blanchisseuse (Mme Fauconnier)<o:p></o:p>

             @maison à 1 étage<o:p></o:p>

             @fente au coin de l’alcôve <o:p></o:p>

             @forte odeur d’eau de Javel<o:p></o:p>

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    Boutique rue de la Goutte d’Or :<o:p></o:p>

             @façades grises<o:p></o:p>

             @ancienne boutique d’un mercier<o:p></o:p>

             @en bas de chez les Lorilleux<o:p></o:p>

             @loques séchant au soleil<o:p></o:p>

             @cour blafarde<o:p></o:p>

             @odeur de cuisine<o:p></o:p>

    @pavés défoncés<o:p></o:p>

             @vacarme sortant des murs<o:p></o:p>

             @meubles noirs<o:p></o:p>

             @humidité et luminosité de cave<o:p></o:p>

             @plafond noir<o:p></o:p>

             @murs crevés avec lambeaux de papier jaune<o:p></o:p>

             @chaleur due à la mécanique<o:p></o:p>

             @boutique <o:p></o:p>

             @1 chambre<o:p></o:p>

             @1 débarras/chambre pour Lantier<o:p></o:p>

             @1 cabinet/chambre pour Nana et Maman Coupeau<o:p></o:p>

                       --1lit<o:p></o:p>

                       --2 chaises<o:p></o:p>

                       --vieux papier peint gris déteint en lambeaux<o:p></o:p>

                       --luminosité d’une cave (1 lucarne ronde)<o:p></o:p>

             @linge sal envahissant (sous sont lit)<o:p></o:p>

             @odeur du linge sale<o:p></o:p>

             @boutique en décrépitude :<o:p></o:p>

                       --vitrine éclaboussée de crotte de voiture<o:p></o:p>

                       --papier peint décollé par l’humidité<o:p></o:p>

                       -- perse Pompadour en lambeaux pendant comme des toiles d’araignée (p333)<o:p></o:p>

                       --mécanique cassée<o:p></o:p>

    --table tâchée de café et de vin, emplâtrée de confiture, grasse.<o:p></o:p>

    --odeur d’amidon maigre, de moisi, de cuisine et de crasse<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Appartement rue de la Goutte d’Or :<o:p></o:p>

             @6ème étage<o:p></o:p>

             @escalier B<o:p></o:p>

             @au fond d’un corridor<o:p></o:p>

             @1 chambre<o:p></o:p>

             @1 cabinet<o:p></o:p>

             @appartement extrêmement étroit<o:p></o:p>

             @1 lit<o:p></o:p>

    @1 table<o:p></o:p>

             @4 chaises<o:p></o:p>

             @1 commode<o:p></o:p>

             @fenêtre ayant 1 battant condamné<o:p></o:p>

             @puanteur de plombs rongés de rouille<o:p></o:p>



    <o:p></o:p>





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  • Le Monde selon Monsanto

    Je vous propose de découvrir la bande-annonce du documentaire Le Monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin. Ce documentaire a été diffusé sur la chaîne Arte le 11 mars 2008.

    http://www.combat-monsanto.org/spip.php?page=video2

    OGM, Dioxine, agent orange, PCB...
    "Une enquête alarmante et implacable sur la multinationale américaine qui commercialise 90% des organismes génétiquement modifiés" (Le Monde)

    Pour plus d'informations, je vous conseille :
        - La page du site d'Arte dédié au documentaire : http://www.arte.tv/monsanto
        - Le site Combat-Monsanto :  http://www.combat-monsanto.org/

    A noté que le livre Le Monde selon Monsanto (livre de l'enquête préfacé par Nicolas Hulot) est disponible aux éditions La Découverte (372 p., 20€)

    Si vous avez vu le reportage ou si vous avez votre opinion sur la question, n'hésitez pas à réagir !

    2 commentaires
  • <o:p>NB : il s'agit plus d'un plan illustré qu'une dissertation écrite. Vous y trouverez je pense de quoi approfondir votre recherche et vos connaissance. Pour plus d'information sur la période, se référer à la bibliographie en fin de page.
    </o:p>

    <o:p>NB 2 : Etant donné que la rédaction a été faite de prime abord sur le logiciel World, il se peut que la mise en page révèle quelques incohérence. Veuillez m'en excuser.
    </o:p>

    1936-1940

    « DES LENDEMAINS QUI DECHANTENT »<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Introduction :<o:p></o:p>

               

                L’arrivée au pouvoir du Front Populaire au printemps 1936 s’accompagne d’un grand élan d’euphorie dans les communautés ouvrières. Des grèves s’organisent pour pousser le nouveau gouvernement à des réformes audacieuses. Ainsi, avec les accords Matignon de juin 1936 qui garantissent aux classes moyennes et classes ouvrières, la France peut rêver à des « lendemains qui chantent ».

    <o:p> </o:p>

                -En 1936 : Front Populaire, coalition de radicaux, socialistes et communistes arrivent au pouvoir. Volonté commune de faire face à la montée fasciste en France. Blum (leader SFIO) devient Président du Conseil. 7 juin 1936, accords Matignon signés entre le gvt, les représentant du patronat (CGPF) et CGT : plusieurs réformes sociales (40h, 2 semaines de congés payés). Espoir de jours meilleurs pour certains. Peur d’une révolution rouge pour d’autre. Pour beaucoup espoir de mettre fin aux années de crises qui plombe l’économie et la vie politique en France, après l’échec des politiques libérales.

                -En 1940 : coïncide avec la fin de la IIIe République. La France perd la guerre Le Maréchal Philippe Pétain est appelé au pouvoir comme homme providentiel.

    <o:p> </o:p>

                -« Les lendemains qui déchantent » rappelle l’expression « les lendemains qui chantent » qui correspondait à l’espoir et l’euphorie gagnée par les couches populaires pendant l’été 1936. Ce sens opposé désigne au contraire l’échec de l’œuvre du Front Populaire et le dur retour à la réalité à partir de l’automne 1936. Réalité qui mène la IIIe République à la guerre et à son effondrement.

    <o:p> </o:p>

                - En quoi la politique du Front Populaire a-t-elle été un échec ? Peut-on dire qu’elle a précipité la France vers la guerre ?

    <o:p> </o:p>

    Problématique : Le gouvernement de Front populaire se retrouve confronté à des difficultés politiques et financières qui précipiteront sa disparition, accentuant la crise au lieu de l’apaiser et mettant en évidence la faiblesse générale d’une république essoufflée et divisée, incapable de rivaliser face aux forces fascistes européennes.

    <o:p> </o:p>

    I-                   L’expérience Léon Blum de sept 36 à juin 37 : un bilan synonyme d’échec.<o:p></o:p>

    a)      L’échec économique du Front Populaire

    b)      Divisions et déceptions à gauche<o:p></o:p>

    c)      Divisions et oppositions à droite

    II-                La fin du Front Populaire et le glissement à droite de l’opinion.<o:p></o:p>

    a)      L’immobilisme des derniers mois du Front Populaire

    b)      Edouard Daladier : l’homme de la situation ?<o:p></o:p>

    III-             De la passivité française à la guerre inévitable.<o:p></o:p>

    a)      Une France passive face aux menaces des puissances fascistes.

    b)      Des accords de Munich à la préparation de la guerre

    c)      La « Drôle de guerre » et la mort de la République.

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    I-                 L’expérience Blum de sept 36 à juin 37 : un bilan synonyme d’échec.

    <o:p> </o:p>

    Serge Berstein : « Des l’automne surgissent tensions et difficultés qui vont faire de l’expérience  Blum, non cette solution que certains espéraient, mais un facteur aggravant de la crise française, une preuve supplémentaire de la décadence qui atteint la France. »<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    a)      L’échec économique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -Le contre coût des réformes du gvt Blum apparaissent dès sept 1936. Les différentes réformes sociales de l’été 1936 à En réponse aux réformes sociales, les entreprises augmentent ses pris. Pierre Gaxotte (droite) dénonce « cette vilaine habitude de se laisser arracher ce qu’ils pourraient accorder de bonne grâce. »

    Mais baisse réelle de production et fuite des capitaux. En cause principalement : les 40h hebdomadaires. But : favoriser l’embauche. Or chômage : ouvriers non qualifiés. Besoins entreprises : ouvriers qualifiés. Pas de réelles embauches. Donc cela entraîne une baisse de production et une forte inflation.

    Autre raison : fuite des capitaux. La peur d’une révolution communiste et surtout les désavantages pour les porteurs de capitaux  entraînent ce départ.

    <o:p> </o:p>

    -Face à l’inflation gvt tarde à réagir. Dévalue le franc le 26 septembre. But : faire baisser les prix français au niveau des prix étrangers et relancer la compétitivité des produits français et ainsi relancer la production.

    Mais « trop tard et trop peu » (Paul Reynaud). La production rechute à partir de janv. 1937.

    Maurice Agulhon : « (la dévaluation est) un aveu d’échec, tant la défense du Franc comporte une connotation symbolique. »

    <o:p> </o:p>

    -Face aux difficultés financières : impossibilité de continuer les réformes sociales.

    Février 37 (ou printemps, comme vous voulez)  Blum annonce une pause dans les réformes sociales.

                -> Satisfaction de la droite et du centre

                -> Mécontentement à gauche

    <o:p> </o:p>

    b)      Divisions et déception à gauche<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -Front Populaire paraît trop modéré pour les + révolutionnaires (rapidement en opposition)

    Pour les révolutionnaires du PCF et SFIO à établissement du socialisme. (ex : 27 mai 1936 Marceau Pivert dans le Populaire : « Tout est possible. »

    <o:p> </o:p>

    -Mais Blum est trop attaché à la République, trop respectueux des lois pour appliquer le socialisme (que la SFIO réclame pourtant à chaque congrès).

    <o:p> </o:p>

    -Opposition, mais la majorité du SFIO fait bloc derrière Blum. Même le PCF ne s’oppose pas à ne pas affoler les classes moyennes qui ont soutenu le Front Populaire.

    <o:p> </o:p>

    -Officiellement le FP est pacifiste. Mais dans son programme en janvier 1936 le FP se dit antifasciste.

              -> Blum doit suivre deux axes contradictoire : maintient de la paix et fermeté face aux dictatures fascistes.

    <o:p> </o:p>

    -Septembre 36 : Blum accepte de recevoir le ministre de l’économie du Reich.

             -> émotion des communistes

    <o:p> </o:p>

    -Fermeté : Blum met fin aux tentatives de relations avec l’Italie de Mussolini.

               -> reproches des radicaux

    <o:p> </o:p>

    à Situation délicate entre pressions des radicaux et des communistes.

    <o:p> </o:p>

    - Malaise au sein de la SFIO : Blum annonce le réarmement (inquiétude suscité par l’All nazie)

    Pourtant en 1932 Blum réclamait la baisse des dépenses militaires.

    <o:p> </o:p>

    -Guerre d’Espagne : La République en Espagne confronté au Gal Franco (fasciste) commandant des troupes au Maroc Espagnol. Le Gvt espagnol demande l’aide au gvt Blum. Volonté des communistes de porter secours mais émotion chez les radicaux et à droite (la République espagnole représente un « péril rouge »).

    Finalement, comme les alliés britanniques, Blum choisit la non intervention.

                -> Le PCF d’oppose désormais de + en + au gvt.

    <o:p> </o:p>

    c)      Oppositions et divisions à droite<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    -Avec Blum Pt du Conseil, l’extrémisme se fait de plus en plus fort à droite.

    (Blum = socialiste + Juif)

    Maurras parle d’un complot juif dans l’Action Française.

    <o:p> </o:p>

    -La presse à droite se déchaîne : calomnies contre R. Salengro (ministre de l’Intérieur) qui est poussé au suicide.

    <o:p> </o:p>

    -Radicalisation de la droite traditionnelle pour qui derrière le FP s’avance la révolution Bolchevique. Exagération du complot communiste. But : discréditer le gvt soutenu par le PCF.

    <o:p> </o:p>

    -Atmosphère de guerre civile. Débats politiques haineux. Opposition entre gauche et PSF (parti fascisant) à Clichy : heurts entre les manifestants de gauche et la police (5 morts et 200 blessés).

    <o:p> </o:p>

    -Coup de grâce des classes moyennes qui ont soutenu le FP. D’abord séduites par les réformes sociales, elles se retrouvent finalement être les 1ères victimes de ces réformes (qui les désavantagent plus que les gros industriels). De plus en plus en opposition au gvt Blum. Elles trouvent le soutient du parti radical qui quoique membre du gvt critique publiquement la politique de Blum (Daladier chef radical est le vice Pt du conseil)

    <o:p> </o:p>

    -Finalement au printemps 1937 : volonté unanime de mettre fin à l’expérience Blum

    Le Sénat refuse de donner les pleins pouvoirs économiques à Blum.

                -> Démission de Blum.

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    II-              La fin du Front Populaire : le glissement à droite de l’opinion.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    a)      L’immobilisme des derniers mois du Front Populaire<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Daladier et les radicaux apparaissent comme l’alternative à Blum. Dans un premier temps, les radicaux restent fidèles  au Front Populaire qui garde sa majorité à la Chambre. Le président de la République nomme Chautemps (radical, pro Front Populaire).

                -> Son gvt apparaît comme un gvt de transition (Blum est vice président du Conseil)

    Cette transition est remarquable par la manière dont la droite  s’attaque aux ministres socialistes et épargnent les ministres radicaux. (Esquisse d’un rapprochement tacite des radicaux à la droite).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il s’agit d’un gvt instable : Bonnet (ministre des finances, hostile à la politique de Léon Blum) côtoie des socialistes. Il s’agit pour Chautemps de concilier  le libéralisme de Bonnet avec les réformes réclamées par le PCF et la CGT. Il est donc condamné à l’immobilisme.

    <o:p> </o:p>

    En janvier 1938, Chautemps exaspéré par les conflits déclare : « Il est possible que certains hommes, que certaines forces obscures continuent leurs efforts mystérieux et tenaces, et donnent à la classe ouvrière des conseils de violence ». -> attaque presque ad nominem en direction des communistes.

                -> la SFIO et le PCF quittent le gvt.

    <o:p> </o:p>

    Le parti radical hésite alors à basculer à droite, mais Chautemps maintient son travail de conciliation et donc son immobilisme : il ne veut pas s’opposer au Sénat (par une politique trop socialiste) et n’ose pas s’engager dans un libéralisme pur et dur pour ne pas subir l’opposition du PCF et de la SFIO. Aucune décision pour gagner du temps.

    <o:p> </o:p>

    Mais la situation financière s’aggrave. Fin 1937, les finances sont dans un état critique. Face aux refus socialistes et communistes de lui donner les pleins pouvoirs financiers, Chautemps démissionne le 9 mars 1938.

    <o:p> </o:p>

    Blum est appelé à prendre la relève le 13 mars, mais entre-temps : Anschluss. Blum est conscient de la menace nazie, il souhaite un gvt d’Union nationale « de Thorez à Reynaud ». Mais l’antisémitisme et la crainte du communisme entraînent le refus de la droite. Blum n’a pas de marge de manœuvre, il démissionne à la fin du mois de mars.

    <o:p> </o:p>

    b)      Edouard Daladier : l’homme de la situation ? <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Daladier est nommé président du Conseil. Il reste fidèle quelques mois au FP. Il finit également par réclamer l’Union nationale qu’il obtient (mais qui s’inscrit à droite désormais). Il est obsédé par le risque de guerre et le retard de la France. Pour lui, il est nécessaire de préparer économiquement et moralement la France à l’effort de guerre.

                -> il engage alors le pays dans une politique économique libérale :

                       *Daladier dévalue le Franc en mais 1938 suffisamment pour entraîner un retour de capitaux, le but étant de faciliter la reprise de la production d’armement.

                                *Allègement de la loi sur les 40H

                -> « Il faut remettre la France au travail ! » (Edouard Daladier)

                -> opposition des socialistes.

    C’est la fin du Front Populaire.

    <o:p> </o:p>

    La tension monte entre la gauche et le gouvernement. Maurice Agulhon : « Jamais peut-être la politique n’avait eu de débats aussi riches, aussi divers et aussi approfondis. »<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    30 novembre 1938 : grève générale contre la politique gouvernementale. (Pb : gauche unie contre les décrets-lois libéraux de Daladier, mais désaccords autour des accords de Munich (cf.  troisième partie)

               -> Le mouvement n’est pas unitaire, c’est un échec.

    <o:p> </o:p>

    Certains parlent alors de « dictature Daladier » tant son emprise sur la vie politique est importante. Il apparaît pour beaucoup comme l’homme de la situation.

    Jusqu’à septembre 39, les socialistes restent dans l’opposition. Le SFIO et le PCF sont réduits au silence.

    <o:p> </o:p>

    La Droite est ravie et assure son soutient à Edouard Daladier qui occupe l’espace. Il assure son pouvoir grâce à sa popularité et prépare psychologiquement les Français au conflit.

    <o:p> </o:p>

     

    III-          De la passivité française à la guerre inévitable.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    a)      Une France passive face aux menaces des puissances nazies.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La France souffre d’un complexe d’infériorité face à la puissance allemande. Fragile économiquement, sa production d’armement a baissé sans discontinuité entre 1932 et 1936. La politique de réarment lancée par Blum en 36 n’a pas permis aux usines d’armement de produire suffisamment.

    <o:p> </o:p>

    L’inflation, les nationalisation a complètement paralysé et désorganisé la vie éco de la France. La production stagne à cause de la loi des 40H. Le redressement ne se fait qu’à partir de 1938 et avec la politique de Daladier.

    Nécessité d’un homme fort, d’abord vu en Daladier. On espère voir en lui le Roosevelt français qui va remettre la France sur pieds.

    <o:p> </o:p>

    Fragilités sociales : opposition entre une politique autoritaire hitlérienne et l’instabilité démocratique due aux grèves. Passivité due aux tensions politiques : qui sont nos ennemis ? Faut-il être anticommuniste ou antifasciste ? Hitler est-il préférable à Léon Blum ?

    Le pacifiste est-il un sympathisant de Mussolini et d’Hitler ?

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    b)      De Munich à la préparation de la guerre.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    29 septembre 1938 : accords de Munich

    Y participent Hitler, Mussolini, Chamberlain (GB) et Daladier.

    Les démocraties ne sont pas prêtes à la guerre. Pour gagner du temps : donne l’accord à Hitler pour dépecer la Tchécoslovaquie.

    <o:p> </o:p>

    Double réaction :

    Les « Munichois » : célèbrent le retour de Daladier, accueilli en héros pour avoir préservé la paix.

    Les « Antimunichois » : outrés d’avoir abandonné l’allié tchécoslovaque à l’ennemi nazi.

    Les « Munichois » se disent pacifistes et considèrent les « Anti-munichois » comme des « bellicistes ». En réalité, aucun des deux camps ne désirent la guerre.

    Les « pacifistes » considèrent que faire des concessions à Hitler est le meilleur moyen d’éviter la guerre.

    Les « bellicistes » veulent éviter la guerre en montrant une résistance à l’Allemagne.

                -> Division à droite comme à gauche (ex : SFIO : Faure, « pacifiste » s’oppose à Léon Blum, pour qui les accords de Munich suscitent « un lâche soulagement »)

    <o:p> </o:p>

    En réalité, en revenant de Munich, Daladier a la certitude qu’il ne fera plus de concession à l’Allemagne. La France n’était pas prête à tenir tête à Hitler. Progressivement, il se range du coté des Antimunichois.

                -> reprise de la production d’armement.

    <o:p> </o:p>

    Tout comme la  Grande Bretagne, Daladier se montre de plus en plus ferme vis-à-vis de l’Allemagne. Il se rend en Tunisie et en Corse pour réaffirmer la présence française dans ces territoires que Mussolini revendique.

    <o:p> </o:p>

    La France tente avec l’aide de la GB de réanimer le pacte de défense franco-soviétique. Mais le 23 août, coup de tonnerre : Berlin et Moscou rendent officiel le pacte de non agression germano soviétique.

    1er septembre : Hitler envahit la Pologne.

    3 septembre : Pour ne pas perdre la face, la GB et la France se doivent d’entrer en guerre.

    <o:p> </o:p>

    c)      La « Drôle de Guerre » et la mort de la République.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Dans un premier temps, pas d’intervention militaire de la France. On se cache derrière la ligne Maginot en Alsace-Lorraine.

    A l’arrière est lancée une intense campagne de propagande. On divertit le soldat qui attent, on le prépare à la guerre.

    <o:p> </o:p>

    Volonté de ne pas faire face à l’Allemagne, préfère venir en aide aux alliés face à l’URSS.

    <o:p> </o:p>

    A l’arrière, pas d’Union Sacrée comme pendant la 1ère Guerre Mondiale. L’opposition entre les bellicistes et les pacifistes persistent. Pour certains, une mauvaise paix vaut mieux qu’une mauvaise guerre (à droite comme à gauche).

    C’est cette absence de consensus qui va entraîner la défaite.

    <o:p> </o:p>

    Le pacte germano-soviétique touche gravement le PCF à démission de nombreux adhérents. Quand le 17 septembre 39 l’URSS envahit la Pologne, Daladier dissout le PCF. Le parti devient clandestin et pacifiste. De nombreux communistes sont incarcérés. De peur d’être arrêté, Maurice Thorez s’enfuit à Moscou.

    <o:p> </o:p>

    Les oppositions politiques persistent, des divisions issues de l’échec du Front Populaire son conservées. Daladier est critiqué pour la passivité de sa politique militaire. Le 19 mars 1940, il se soumet à un vote de confiance :

                -> 249 approuvent contre 1 seule voix. Mais 300 abstentions !

                -> Daladier démissionne.

    <o:p> </o:p>

    Le Président Le Brun fait alors appel à Paule Reynaud (champion de la guerre à outrance). Celui-ci n’obtient la confiance de la chambre qu’à une voix.

                -> cabinet peu crédible.

    Face à l’impossibilité de faire entendre son autorité, Reynaud démissionne… avant de revenir quand l’Allemagne attaque les PB et la Belgique le 9 et 10 mai.

    <o:p> </o:p>

    Les troupes françaises concentrées derrière la ligne Maginot se déplacent vers le Nord pour contrer l’attaque allemande, mais brèche dans les Ardennes. C’est la débâcle militaire.

    Le 16 juin, Reynaud cède sa place au vainqueur de Verdun (le Maréchal Pétain) qui annonce le lendemain la défaite.

    Le 10 juillet, les parlementaires français, malgré une forte abstention dû au flou provoqué par la débâcle donnent les pleins pouvoirs à Pétain.

    <o:p> </o:p>

    Conclusion :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

                Comme la IInd  Empire, c’est par une défaite militaire que se joue la fin de la IIIe République. Mais au-delà de l’échec militaire de Marianne, c’est une succession d’impasses politiques et économiques depuis le Front Populaire qui a provoqué le déclin de la République.

                Minée par la crise qu’aucun gouvernement n’a pu mettre fin, par les divisions récurrentes, la France est entrée en guerre affaiblie et divisée. On est loin des « lendemains qui chantent » espérés par beaucoup en été 1936.

                Avec la guerre et la mise en place du régime de Vichy, la République et sa vie politique démocratique laisse place en juillet 1940 à la conjonction de deux régimes autoritaire : Vichy et l’occupation nazie.

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

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    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Bibliographie :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    î         Dictionnaire Historique et Géographique du XXème siècle, La Découverte, p 831

    <o:p> </o:p>

    î         L’Histoire du Monde de 1918 à nos jours, Larousse, p576

    <o:p> </o:p>

    î         Serge BERSTEIN, La France des années 30, Paris, 1988, Armand Colin, Coll. Cursus, p185

    <o:p> </o:p>

    î         Maurice AGULHON, La République (Tome II) 1932 à nos jours, Paris, 1999, Hachette Littérature, Coll. Pluriel Histoire, p564

    <o:p> </o:p>

    î         Dominique BORNE et Henri DUBIEF, La crise des années 30 (1929-1938), Paris, 1989, Seuil, Coll. Point Histoire, p323

    <o:p> </o:p>

    î         Jean-Pierre AZEMA, De Munich à la Libération (1938-1944), Paris, 2002, Seuil, Coll. Point Histoire, p408<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>


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  • Fiche de lecture :<o:p></o:p>

    Le Cheval d’Orgueil – Per-Jakez Helias<o:p></o:p>

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    L’auteur :<o:p></o:p>

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             Pierre-Jakez Hélias (1914-1995) est né dans le Finistère, à Pouldreuzic en Pays Bigouden. Fils de paysans bretonnant, il a d’abord parlé breton avant d’apprendre le Français à l’école. Lycéen à Quimper puis étudiant en Lettres Supérieures à Rennes, il devient professeur de 1946 à 1975 et enseigne les humanités classiques.

                Après la Seconde Guerre Mondiale, Hélias est chargé d’animer des émissions en breton à la radio. Ecrivain prolifique, il participera à de nombreuses créations littéraires, que ce soit pour le théâtre, la radio, le roman ou la poésie. On lui doit notamment le célèbre Festival de Cornouaille de Quimper et de nombreux ouvrages (le plus souvent écrit en breton avant d’être traduit en français par l’auteur lui-même). Attaché à la culture bretonne mais aussi à la langue française du fait de sa profession, il sera très critiqué par les nationalistes bretons qui refusent toute collaboration avec les institutions françaises.

                Son œuvre majeure, d’un intérêt éthnologique considérable, restera le Cheval d’Orgueil qui le rendra célèbre en 1975. Il sera notamment au cinéma par le cinéaste Claude Chabrol. Mais ce succès lui attirera également les critiques d’intellectuels bretons (notamment le journaliste et poète Xavier Grall) qui lui reprocheront de peindre une vision trop passéiste de la Bretagne.

    Toujours est-il que Pierre-Jakez Hélias restera probablement l’un des plus grands écrivains bretons du XXème siècle.


    Résumé :<o:p></o:p>

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             Le Cheval d’Orgueil est le récit de l’enfance de l’auteur. Il est né en 1914  à Pouldreuzic dans le Finistère, dans un « pays » situé au sud-est de Quimper : le Pays Bigouden.

    Ses parents sont de pauvres paysans qui n’ont pas pu atteindre le certificat d’étude. Le grand-père paternel, sabotier de profession, était trop pauvre pour assurer l’éducation de ses enfants. Mais il était bon travailleur et nourrissait convenablement sa famille, lui épargnant la « Chienne de Vie », incarnation de la misère. Quant à la mère de l’auteur, elle s’est retrouvée à douze ans en charge de ses jeunes frères et sœurs après le décès de sa propre mère. A douze ans, elle devait remplacer sa propre mère, assurant le travail quotidien normalement réservé à a femme adulte : nourrir l’unique cochon de la famille, traire l’unique vache, préparer le petit-déjeuner pour ses frère et sœurs, aller les lever, les envoyer à l’école, emmener la vache au champ qui était généralement loin, revenir en tricotant, faire le ménage, laver les vêtements, préparer le repas du midi, retourner au champ en tricotant, travailler la terre, revenir avec la vache et avec faix d’herbe sur le dos ou un panier à la main,  s’occuper de ses frères, leur faire faire leurs devoirs, gaver à nouveau le cochon, traire une nouvelle fois la vache, préparer le repas du soir, faire la vaisselle et attendre que tout le monde soit couché en continuant son tricot.

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    Les habitants du village de Pouldreuzic ne vivent pas dans de grandes maisons et généralement ne sont que locataires. Rares et chanceux sont ceux qui possédent leur propre maison. Les parents de Perig (« Petit Pierre » en breton, surnom donné à l’auteur quand il était enfant) pouvaient se vanter d’être propriétaire de leur habitation, mais il leur était nécessaire d’en louer une partie pour avoir un revenu supplémentaire. Le cochon, la vache et les poules crèchent dans la maison. Les poules ont l’habitude de nicher au-dessus de l’entrée et prennent un malin plaisir à graisser les chapeaux mais épargnent curieusement les coiffes des femmes.

    Perig a six mois quand la guerre est déclarée. Celle-ci le sépare de son père, c’est son grand-père Alain Le Goff qui se chargera de son éducation avant qu’il n’entre à l’école. Savant et conteur renommé, Alain Le Goff fait découvrir la vie à son petit-fils à travers jeux, comptines et histoires légendaires. Cet enseignement peut paraître plus un jeu qu’autre chose, mais l’élève se retrouve à devoir élucider seul les énigmes que lui impose son grand-père. Car il faut que l’enfant soit capable d’affronter seul les difficultés de la vie, et les conseils du grand-père ainsi que ses défis sont autant d’expériences et d’outils pour devenir un homme et rester fier quoique la vie puisse réserver. Et il s’agit aussi de ne pas être ridicule quand l’heure arrivera d’aller à l’école et d’apprendre le Français.

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    Il n’est pas question de dépenser les rares sous de la famille pour trouver un « médecin de papier » en cas de problème de santé : il existe une multitude de saints protecteurs dans la région qui guérissent tous d’un mal spécifique. Tel saint soigne les dents, tel autre rend la vue, celui-ci guérit de la claudication, celui-là des maux de ventre. Chaque famille se rend régulièrement à telle ou telle église où se trouve des fontaines dont l’eau à des vertus unanimement reconnues. Que peut la science d’un « médecin de papier » contre le pouvoir sacré des saints ? Et pour presque chaque mal de la vie de tous les jours, il existe des remèdes ancestraux qui sont « évidemment » plus efficace que ces médicaments coûteux que prescrivent les médecins. Que ce soit avec de l’urine, de la bave de limace ou du jus de rhubarbe, il existe toujours un moyen de soigner les plaies ou les otites.

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    La religion prend une place importante dans la vie de tous les jours. Les enfants doivent aller au catéchisme histoire de suivre une éducation chrétienne. Toutes les familles se rendent à la messe le dimanche sous peine de subir les railleries des villageois. Les enfants et les femmes assistent même aux vêpres (la messe du soi), les hommes eux s’en dispensent pour la plupart. Le prêtre et le recteur font office d’autorité au village et ont énormément d’influence, notamment sur les femmes.

    Lorsqu’un habitant vient à mourir, des hommes proches du défunt font le tour de la paroisse pour annoncer la nouvelle, des télégrammes sont envoyés aux membres de la famille géographiquement éloignés, sauf à ceux que l’on sait trop pauvres : le voyage leur coûterait trop cher et la nouvelle s’ajouteraient aux malheurs qui les accablent déjà (parce qu’ils ne sont pas aidés par la vie, les plus pauvres ont le droit à un plus grand respect). Les villageois se réunissent et se relaient auprès du cadavre le temps que l’on procède à l’enterrement : c’est la veillée. On fait appel à un laïc pour rendre grâce au défunt, c’est le diseur de Grâces. Toute la communauté se rend aux funérailles, les absents ont le droit aux reproches. On peut s’être fâché avec le défunt du temps de son vivant, mais le jour de son enterrement on se doit de lui rendre honneur.

    L’année est rythmée par les pardons. Le pardon est une fête annuelle du saint éponyme d’une église ou d’une chapelle. Il y a ainsi autant de pardons que de chapelle, mais certains occupent une place plus importante que d’autres. Le plus important est celui de Saint Anne de la Palud qui se trouve au nord (au bord de la baie de Douarnenez, à mi-chemin entre Douarnenez et Châteaulin). Les Bigoudens y vont à pied, ce qui fait un relativement long périple. Le pardon incontournable au Pays Bigouden est celui de Notre-Dame de Penhors. On y porte de lourdes bannières d’une église à l’autre (de grandes bannières pour les hommes, des petites pour les femmes) et des brancards sur lesquels repose la statue du saint vénéré ou de la Vierge. Au bord de la falaise, le prêtre effectue la bénédiction de la mer. De retour à la chapelle les fidèles assistent à la messe. Les mendiants profitent du pardon pour demander l’aumône, des romanichels déploient leurs boutiques ambulantes et proposent des jeux de force.

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    Bien plus que pour d’autres enfants de France, l’entrée à l’école est un passage décisif pour les enfants de Basse-Bretagne. En effet, il s’agit pour eux du premier contact avec la langue française. Jusqu’ici ils n’ont pu parlé que la langue de leurs parents, c'est-à-dire le Breton. Seuls les anciens combattants et certaines « grosses têtes » du village parlent le Français. Mais l’apprentissage de cette nouvelle langue ne se fait pas sans peine. Le maître d’école n’hésite pas à punir quiconque emploierait un mot breton à l’école. Toutes les ruses sont permises pour punir les bretonnants réfractaires, et notamment celle de « la vache ». Il s’agit d’un objet que les élèves passent à chaque élève prononçant un mot de breton. Celui qui détient « la vache » à la fin de la journée est puni. Pour les élèves, il s’agit d’une véritable torture, d’autant plus sournoise que les instituteurs n’hésitent pas à converser en breton avec les parents.

                Avec l’école apparaît une division importante au sein de la communauté qui voit s’affronter les Blancs contre les Rouges. Les Rouges sont les républicains qui sont pour l’école, les Blancs sont fidèles au recteur de la paroisse pour qui l’école de la République est l’école du Diable. Les Blancs n’hésitent pas à envoyer leurs filles à l’école des sœurs, mais les fils ne peuvent éviter l’école publique car il n’existe pas dans la paroisse d’école privée pour garçons. Si cette rivalité entre Blancs et Rouges est en temps normal mise de côté, les oppositions renaissent lors des périodes électorales. Les Blancs ont pour guide le recteur, les Rouges soutiennent Monsieur Le Bail, maire radical de Plozévet. Les Blancs qui sont pour l’Eglise et le Breton accusent les Rouges d’être des antéchrists. Les Rouges sont généralement plus pauvres, vont quand même à la messe tous les dimanches et sont pour l’apprentissage du Français. Si les Rouges veulent parler Français, c’est qu’ils souffrent d’un complexe d’infériorité face aux bourgeois de la ville. En effet pour les Quimpérois, être bretonnant est synonyme d’être pauvre. Ainsi quand Perig passe son baccalauréat, les mères qui ne parlent pas français n’assistent pas à la remise des diplômes malgré l’insistance des directeurs : ceux qui parlent français sont d’un autre monde que le leur, elles ne seraient pas à leur place avec eux.

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                Au cours de leur enfance, les enfants bigoudens s’occupent à divers jeux. De la fabrication de pistolets à partir de branches de sureau à la conceptions de toupies à partir de morceaux de buis. Aucun jouet n’est acheté, tout est fabriqué par les enfants eux même. Il existe également une hiérarchie au sein de la communauté des enfants. Régulièrement, les plus vieux lancent aux plus jeunes des défis à relever, que ce soit grimper à la cime d’un arbre pour y déloger un nid ou ramper dans un tunnel à moitié obstrué par de la boue. Il est alors vital pour chaque jeune bigouden de réussir à faire face à ces difficultés et de s’en sortir sans abandon et sans l’aide d’un adulte. Ces occupations peuvent tout aussi bien être individuelles que collective, mais que ce soit la chasse aux grillons où même la course de cerceaux, l’objectif est toujours de faire mieux que les autres. Ce genre d’activité ne plaisent pas au parents, mais ceux-ci suivent néanmoins de loin la progression de leur progéniture : ce ne sont pas de simples jeux mais de véritables rites d’initiation, un enfant qui ne fait pas preuve de suffisamment de courage devient source de honte pour la famille. De plus, ce ne sont pas à proprement parler, de jeux : l’enfant de la campagne ne joue pas, mais apprend en s’amusant. Il s’agit d’un apprentissage qui lui permet d’acquérir les gestes et les attitudes pour devenir un homme, un vrai paysan. Et tant que l’enfant n’a pas fumé du tabac de singe, il restera toujours dans le monde des enfants, car cette dernière épreuve est l’étape sine qua non pour devenir un homme.

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                Les parents de Per-Jakez, comme la plupart des autres ménages du Pays Bigouden, sont pauvre, mais n’en souffrent pas. Ils se satisfont de leur situation, ne vivant ni dans l’opulence, ni dans le besoin. Mais la « Chienne de vie » guette, toutes les familles savent qu’il suffirait d’un coup du sort pour tomber dans la misère. Un incendie suffit à passer du statut de paysan à celui de mendiant. Les pauvres ont le droit au respect des autres membres de la communauté, mais n’en demeure pas moins à l’écart. Quand la misère guette, beaucoup noient leurs soucis dans la boisson.

                Mais la vie du paysan est loin d’être tranquille. Entre la Saint Jean et la Toussaint, le travail se fait rude. Les moissons se font encore pendant un bon moment exclusivement à la main. Il s’agit d’un travail de forçats où autant les organismes des femmes que ceux des hommes sont mis à rude épreuve. Le peurzorn (le repas de fin de battage) vient récompenser les travailleurs à la fin de la journée. Tout le monde est réuni autour de la table, les plus humbles côtoient les « grosses têtes », il n’y a plus de hiérarchie, chacun est l’égal de l’autre. Les ramassages de pommes et de pommes de terre s’ajoutent aux moissons. Pendant la belle saison, il n’y a pas un instant de répit.

    Les choses s’améliorent avec l’arrivée de l’hiver. Les jours se raccourcissent et le travail se fait plus rare. Mais c’est aussi l’époque où le moral est mis à mal, où la misère se fait plus proche, où la nourriture peut venir à manquer si l’été n’a pas été bon. La vie est difficile tout au long de l’année, mais c’est le lot quotidien du paysan.

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    Pour l’homme qui trime aux champs, le repas est une bénédiction. L’évènement incontournable au village est quand on tue le cochon. Alerté par les cris de l’animal, tout le village vient assister au découpage de la viande. La viande est la nourriture par excellence du paysan bigouden, et le cochon est la viande par excellence. Le propriétaire du cochon abattu convie ses voisins et sa famille à la fête du cochon où l’on déguste la « viande douce » (fraîche, qui n’est pas salée). Le reste du cochon est conservé dans de la saumure et sera peu à peu consommé sous forme de lard salé. A coté de cela, les poissons et en particulier les fruits de mer ne sont pas appréciés. On ne mange le poisson qu’au carême, et les crabes et les langoustines finissent généralement au fumier tellement on répugne l’odeur qui se dégage de la cuisson. Quand aux huîtres, qui pourrait avoir la folie de vouloir avaler des cailloux ? Mais, que ce soit du pain, de la soupe, des pommes de terre au lait, des galettes ou le café-pain-beurre de quatre heures, la nourriture est l’une des choses les plus importante chez les Bigoudens car c’est ce qui donne la santé au travailleur. Il s’agit également d’un facteur d’amitié, car il n’y a pas de plus belle preuve d’amitié que d’offrir à manger et à boire à un proche ou un voisin.


    NB : il manque ici le résumé de l'ultime chapitre qui sera ajouté ultérieurement


    Apports et limites :<o:p></o:p>

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                Le Cheval d’Orgueil est la peinture d’un monde presque totalement disparu et oublié mais qui n’est pourtant pas si lointain, longtemps marginalisé par les sociologues et les historiens. L’auteur tire ses informations de sa propre expérience ce qui explique la richesse de l’œuvre. Mais Pierre-Jakez Hélias manque aussi de recul face à cette société. Parce qu’il en est très attaché et en éprouve une certaine nostalgie, il ne peut avoir qu’une vision plus ou moins subjective. C’est pourquoi il ne cherche pas à enseigner, il nous transmet son expérience, en s’abstenant de toute analyse. Des intellectuels, et notamment Xavier Grall dans le Cheval couché, ont critiqué cet attachement à une vision de la Bretagne jugée trop passéiste. La publication du Cheval d’Orgueil intervient en effet dans la seconde moitié du XXème siècle, en plein renouveau de la Bretagne qui alors cherche à rattraper son retard économique et à promouvoir une image de région dynamique.<o:p></o:p>


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