• Ce texte est un extrait du livre Comment peut-on être Breton ? de Morvan Lebesque et n'est donc pas un article de mon fait.
    Merci d'en prendre compte.

    « Le Breton est-il ma langue maternelle ? Non : je suis né à Nantes où on ne le parle pas. Est-ce que je le parle ? Rarement, et pas assez bien pour l'écrire. Suis-je même Breton ? Vraiment, je le crois et m'en expliquerai. Mais de « pure race », qu'en sais-je et qu'importe ?
    "Vous n'êtes donc pas raciste ?"
    Ne m'insultez pas.
    "Séparatiste ? Autonomiste ? Régionaliste ?"
    Tout cela, rien de cela. Au-delà.
    "Mais alors, nous ne nous comprenons plus. Qu'appelez-vous breton ? Et d'abord, pourquoi l'être ?" Question nullement absurde. Français d'état-civil, je suis nommé français, j'assume à chaque instant ma situation de Français ; mon appartenance à la Bretagne n'est en revanche qu'une qualité facultative que je puis parfaitement renier ou méconnaître. Je l'ai d'ailleurs fait. J'ai longtemps ignoré que j'étais Breton. Je l'ai par moment oublié. Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus ou, pour mieux dire, en conscience : si je perd cette conscience, la Bretagne cesse d'être en moi ; si tous les Bretons la perdent, elle cesse absolument d'être. La Bretagne n'a pas de papiers. Elle n'existe que dans la mesure où, à chaque génération, des hommes se reconnaissent bretons. À cette heure, des enfants naissent en Bretagne. Seront-ils Bretons ? Nul ne le sait. À chacun, l'âge venu, la découverte ou l'ignorance.
    (...)»

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  • Voyage particulier dans des endroits qui me sont pourtant familiers. La (re)découverte d'une langue que je ne parle pas mais que j'ai l'impression de comprendre de plus en plus. La conscience que mes propres grands-parents, qui dans quelques années ne seront plus de ce monde, représente la mémoire d'un pays qui vit depuis quelques décennies un des plus grands tournant de son histoire.

    J'y ai redécouvert une âme, une culture, une façon d'être issues de sédimentations millénaires. Mais j'y ai aussi compris le risque de perdre tout cela. Et les clichés que l'on donne à voir aux touristes ne font que favoriser la mort de ce monde. car chaque histoire, chaque légende, chaque parler correspond à un lieu particulier. Comment comprendre la richesse de la culture populaire bretonne so l'on ne comprend pas qu'elle est relative à un espace très délimité, à une fontaine, un champ, un calvaire ou un morceau de rocher ?

    Et tout ça va disparaître au profit des histoires toutes faites, coupées de la réalité du terrain et qui nourrissent les stéréotypes que les gens aiment à entendre. Stéréotypes qui souvent font rêver, mais qui justifient certains a priori : plouc, bouseux, etc.

    Tout cela va disparaître quand nos grand-parents disparaîtront, au profit de la culture de masse qui déjà devient dominante.

    J'ai peur... 


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